Émilie Mercier et Frédérique Marseille sont amies depuis l’âge de 12 ans. La première est photographe et la seconde est une entrepreneuse éprise de culture. Avec leur projet commun, 1001 Fesses, elles capturent en photo les fesses des femmes de tous âges et de toutes origines. Une collection qui ne cesse de grandir et qui vise avant tout à montrer la diversité et la beauté des corps. 

L’idée est venue à Frédérique alors qu’elles étaient encore étudiantes. Elle suggère à Émilie, déjà fascinée par le corps nu dans son travail, de faire un projet sur les fesses. Une idée sympathique et drôle, mais ce n’est que deux ans plus tard, après la fin de leurs études, qu’elles trouvent le temps de lancer le projet en commençant par photographier leurs amies et leurs proches.

Leur but est simple, elles veulent donner à voir cette partie du corps qui est souvent source de complexes et d’insécurités chez les femmes. Photographier des fesses sans érotisme, aider les femmes à accepter leur corps dans ce qu’il a d’unique et de différent. Un empowerment par l’image, qui les touche personnellement et leur permet de mieux comprendre les femmes.

Ce qui renforce le projet c’est qu’on a été des filles, puis des ados, puis des jeunes femmes qui ont grandi ensemble et qui se sont vues changer. L’idée de base c’était aussi pas mal de nous aider à évoluer et à nous sentir bien dans nos propres corps.

À Montréal et en région, les séances photos se multiplient et les deux amies rencontrent de plus en plus d’inconnues volontaires pour le projet. Elles développent alors rapidement un rituel qui leur permet d’établir un lien de confiance avec chaque femme. Avant la mise à nu, elles prennent le temps de discuter autour d’un thé, de se livrer un peu et partager des confidences parfois très personnelles. Chaque rencontre est une découverte totale, Émilie doit donc s’adapter à l’univers des modèles et réinventer un espace inconnu. 

Munie de son appareil argentique, elle se fie à son instinct pour capter le moment poétique qui mettra en valeur le corps et la personnalité des modèles, sans jamais les sexualiser. Ce médium les oblige aussi toutes à prendre le temps. Prendre le temps de saisir un instant d’authenticité, de bien choisir la pose, de capter la lumière naturelle mais aussi de digérer la rencontre chargée en émotions. Les photos seront révélées seulement après plusieurs jours, une fois développées et scannées.

Pour certaines c’est super facile et elles nous accueillent quasiment déjà en bobettes, puis toutes nues et pour d’autres ça demande quand même plus de courage. Dans tous les cas c’est très important de faire connaissance.

Pour choisir leurs modèles, Émilie et Frédérique ne font jamais de sélection. Elles organisent simplement les séances photos en fonction de leurs voyages et de leurs emplois du temps, grâce à un groupe Facebook qui compte plus de 4500 inscrites. 

1001 Fesses a très vite suscité l’engouement sur les réseaux sociaux, autant au Québec qu’à l’international, jusqu’à atteindre une communauté de plus de 23 000 personnes. Grâce au travail de Frédérique aux communications, les médias se sont ensuite emparés du sujet, donnant au projet une visibilité encore plus grande, avant qu’il ne soit malheureusement censuré par Facebook et Instagram. 

Malgré ce coup dur, elles continuent de développer le projet et ont organisé les premières expositions 1001 Fesses à Montréal, d’abord à l’Arsenal en 2016, puis à l’Atelier B en 2017. L’occasion pour elles de diffuser les photos en format papier et de voir directement la réaction du public.

Dans les expos, les gens s’attardent, ils sont plongés dans une intimité, dans un univers. Ils sont attirés par telle photo, ils sont émus parfois juste par un détail, la couleur d’un mur, le T-shirt que la fille porte.

Fondatrice de la plateforme montréalaise de partage d’œuvres, Art Bang Bang, Frédérique continue d’entreprendre (elle vient d’ouvrir un gym d’escalade à Bromont), tandis qu’Émilie se consacre à plusieurs projets de production vidéo.

En attendant d’atteindre l’objectif des 1001 fesses photographiées et de les publier peut-être sous forme de livre, Frédérique et Émilie gèrent le projet de manière organique. Mais une chose est sûre, les modèles potentielles ne manquent pas et les deux jeunes femmes ont très envie de voyager plus pour aller à leur rencontre.

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RÉDIGÉ PAR
Adama Diop et Zoé Magalhaès

CRÉDITS PHOTOS
1001 Fesses