MR-63

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Repenser l’expérience scénique avec Pestacle : de l’inventivité et de l’audace!

Dans le paysage vibrant de Montréal, où l’art, le design et l’évènementiel se rencontrent, l’équipe de MR-63 est partie à la rencontre de Pestacle, se distinguant comme un chef-d'œuvre de direction artistique. Projet fondé par Catherine Bilodeau, visionnaire passionnée par les arts visuels, et Thomas Bourdon, maître de la technique et de la réalisation, ils transforment les idées en véritables expériences immersives, captivant les spectateurs et élevant chaque événement à des instants inoubliables.

Âmes créatives, ce duo incontournable sait saisir l'essence même d'un projet et le traduire en une scénographie à couper le souffle. Portés sur les détails et l'harmonie visuelle, ils créent des décors transcendant le simple cadre physique. Leur passion contagieuse et leur implication constante permettent de donner vie aux idées les plus ambitieuses, qui transforment ainsi les petits croquis d’inspiration en décors complètement spectaculaires!

Concrètement, ça veut dire quoi pour vous, créer un projet scénique?

T : “Chez Pestacle, on aime bien appeler ça “design évènementiel” parce qu’on fait de la scénographie pure et dure mais on conçoit aussi tout l’environnement artistique visuel autour d’un évènement. Je dirais que c’est comme de la mise en espace, dans le cadre d’un spectacle, d’un concert ou encore d’une exposition. On crée tout un habillage visuel, qui passe par de la conception d’éclairage, de la mise en scène, de l’idéation… On veut vraiment créer des expériences, parfois plus atypiques en repensant la forme. L’idée pour nous c’est d’amener le plus possible une touche créative et propre à notre identité.”

Quelle a été la motivation principale derrière la naissance de Pestacle? c’est quoi le background ayant mené à sa création? 

T : “Dans le fond, Pestacle, c’est Catherine et moi. Notre parcours est d’ailleurs assez similaire. Nos débuts se sont faits en 2016 au travers d’un festival qui s’appelait SOIR et qui s’est maintenu sur 5 éditions. Ça a été vraiment une belle expérience. C’était comme une foire éphémère dédiée à l’art sous toutes ses formes. Il n’y avait pas vraiment de ligne directrice, c’était super éclectique. On voulait mélanger les œuvres entre elles à travers l’art visuel, la musique, l’art vivant… C’était vraiment le fun, ça marchait super bien. Après évidemment, le fait de développer ça uniquement à deux, ça nous a pas mal brûlé fait qu’on a décidé d’arrêter. Mais grâce au festival, on a rencontré plein de belles personnes. Des organismes ont donc commencé à nous approcher pour commissarier des projets et des installations. C’est un peu comme ça qu’est né Pestacle en 2019.

C : “De mon côté, enfant, j’ai toujours aimé organiser de grandes fêtes et les décorer. Je faisais de la danse, du théâtre et des petits cours de cinéma. Le tout m’est revenue au CÉGEP et à l’université où j'ai étudié le cinéma avant de changer de carrière pour étudier en stratégie de production et m’intéresser plus largement à l’organisation d’événements culturels. Avec le festival SOIR, mon goût du beau et mes études en cinéma, je me suis mise à côtoyer des artistes exceptionnels dans le cadre de projets organisationnels. J’ai donc commencé à me faire approcher pour de la direction artistique et la suite on la connaît. Après, selon moi, ce sont mes enjeux de personnalité qui expliquent davantage mes capacités à faire ce métier plus encore que mon sens du design ou mon parcours. Je pense que c’est mon désir de plaire, mon envie de rendre les gens bien et de créer des moments mémorables qui marquent plus mon travail.”

Y avait-il un besoin, une demande spécifique sur le marché montréalais?

T : “Je pense que les artistes souhaitaient de plus en plus amener leur touche personnelle dans leur show. Puis on commençait aussi à se faire connaître par le biais de nos évènements passés. Je pense que ce sont les deux qui ont contribué à la création de Pestacle.” 

C : “Aussi, pendant la pandémie, vu qu’il n’y avait plus de shows en vrai, le besoin de créer une expérience qui allait au-delà de la dimension “concert”, qui soit plus intéressante visuellement, s’est fait ressentir. Tellement d'événements en ligne se créeaient qu’il y avait un réel besoin de se démarquer. Ce qui fait que ça a été un gros boost pour nous. On avait un terrain de jeu super intéressant.”

À vos débuts, aviez-vous un domaine spécifique que vous souhaitiez absolument explorer? (musique, institutions muséales, festival…) 

T : “Disons qu’on aime vraiment ça avoir une diversité de projets. On est présents sur des festivals, des concerts mais aussi sur des projets d’expositions. C’est sûr que c’est le fun de voir l’action se dérouler en live avec les gens mais sur les expositions, c’est aussi super stimulant de penser à quelque chose de plus permanent. Même si ça représente évidemment d’autres défis. 

On a vraiment trippé à réaliser les lives sessions pendant la pandémie aussi. Avec la caméra, on pouvait créer quelque chose de super inclusif, intime. Créer des plans spécifiques selon le décor, l’éclairage... On avait une grande liberté de création.”

Comment arrivez-vous à donner vie à toutes ces idées audacieuses? Comment décririez-vous votre processus créatif?

C : “Chez Pestacle, Thomas se charge de tous les aspects techniques et moi de la direction artistique. Je pense que mon processus créatif est intangible. Je deviens assez obsédée par mes projets qui m’habitent jour et nuit : une forme, une publicité et tout ce qui m’entoure devient une source d’inspiration et pourrait s’appliquer. Je deviens une éponge à tout ce qui m’entoure et quand l’inspiration est assez grande, je dessine de manière très compulsive pendant des heures sans arrêter, jusqu’à ce que je trouve le produit du dessin satisfaisant.” 

Y a-t-il des mouvements artistiques ou des périodes historiques qui ont une influence particulière sur l'esthétique de vos décors?

C : “Définitivement les années 60. Le courant Bauhaus, le designer Verner Panton, les gens qui osent les couleurs et le travail des formes géométriques… Après, j’essaie de me détacher de mes goûts personnels quand je travaille pour quelqu’un d’autre. L’idée étant de faire ressortir son essence et son esthétisme dans les projets.” 

Pour vous, qu’est-ce qu’une scénographie réussie? 

C : “Je pense qu’il faut qu’au niveau personnel, ça nous fasse vibrer. Quelque chose d'immersif, d’englobant, complet. On est dans le maximalisme, on aime les couleurs, les formes, les éléments. Quand on monte un projet pour un spectacle par exemple, on essaie vraiment de diminuer le plus possible les éléments techniques dans notre décor. On joue énormément avec la lumière aussi. C’est une composante super importante pour nous. Tu peux tellement créer d’atmosphères particulières rien qu’avec l’éclairage. 

On aime aussi que les artistes interagissent avec le décor sur des moments spécifiques ou même surprenants pour les spectateurs. Je dirais vraiment que c’est la cohérence de la totalité du show qui nous fait vibrer, que tout soit bien pensé et qu’aucun détail ne soit là par hasard. Le côté humain est super important pour nous aussi. Se dire que le projet fitte complètement avec l’artiste ou l’organisme avec qui on collabore, c’est ce qu’il y a de plus gratifiant. Le fait que nos pensées s’alignent, se connectent et qu’on avance dans la même direction créative.”

Vous qui collaborez avec de nombreux acteurs culturels montréalais…

quels sont les projets les plus mémorables que vous ayez montés jusqu’à présent? En quoi étaient-ils si spéciaux à vos yeux?

T : “Je pense que les projets pour lesquels on est vraiment fier.e.s sont ceux qu’on a réalisés pour M pour Montréal. On a monté des vitrines virtuelles pendant la pandémie qui consistaient à créer des petits showcases de plusieurs artistes pour que les délégués extérieurs puissent les visionner de chez eux quand ils ne pouvaient pas se déplacer. La première année, on avait créé deux sets dont l’un vraiment axé sur la lumière. Selon les artistes, les couleurs de l’éclairage changeaient ce qui donnait une atmosphère totalement différente pour chaque représentation. C’était génial, on pouvait vraiment aller loin dans nos idées. 

Après évidemment de manière générale on en a tellement de projets mémorables. Ceux-là le sont car c’était aussi la première fois pour nous qu'on avait l'opportunité de faire quelque chose d’aussi gros.”

Quelle importance accordez-vous à la dimension environnementale? Avez-vous déjà eu recours à la réutilisation / réadaptation de décors existants? 

T : “Avec Pestacle, on travaille de manière régulière avec 3-4 festivals. Et puis avec le temps, soit les festivals gardent nos décors, soit on les reprend et on modifie certaines composantes pour les apporter sur d’autres évènements. Avec notre atelier, on peut très bien retravailler les décors à l’image du projet. 

C’est ce qu’on développe avec REFLET, qui est un projet de mutualisation. Puis quand on ne peut vraiment rien faire avec un décor, on le coupe en morceaux et on le réutilise sur d’autres pièces. Le chef d’atelier avec qui on collabore est vraiment bon dans ces affaires-là. On essaie de tout garder et de réemployer le plus possible quand on le peut : les petites pièces, la peinture, les tissus, etc.”

Pouvez-vous justement nous en dire plus sur votre nouveau projet “REFLET”?

C : “Avec tous nos projets scénographiques on a fini par avoir un gros stock de matériaux disponibles. On s’est donc dit que ça pouvait être intéressant de conceptualiser des objets de décor comme des lampes. Ce sont des objets que j’aime beaucoup et ça représente un bon side project pour me donner une autre dynamique créative et éviter le gaspillage.

On en est qu’au début mais l’idée est de créer des luminaires à base de réemploi de nos matériaux, soit au travers d’une série ou alors en sur-mesure pour des commandes spécifiques. Ce seront toutes des pièces uniques, à destination autant des professionnels que du grand public. C’est une belle manière d’explorer les matériaux déjà existants.”

Quels sont vos critères de sélection dans le choix des matériaux?

T : “Pour les matériaux on essaie d’être le plus vigilants possible sur ce qu’on choisit. On utilise par exemple beaucoup de panneaux MDF écologiques à partir de bois recyclé. Pour les tissus, quand on peut on prend des tissus naturels, même si on a souvent la contrainte des couleurs. Pour les accessoires, on essaie d’aller aussi voir en seconde main ce qu’on peut trouver. On s’en doute pas toujours mais on y trouve vraiment de beaux objets. 

Bon, on sait que c’est pas encore parfait à 100% mais la dimension écologique est vraiment quelque chose qu’on veut plus amener par la suite, qu’on souhaite davantage développer.”

Dans une dimension plus numérique, quelle place accordez-vous aux nouvelles technologies?

C : “C’est sûr que les nouvelles technologies sont un passage obligé si on veut s'adapter. Pour de la projection, de l’éclairage, etc. Quand on le fait, on veut que ce soit bien intégré avec le reste du décor. Puis il y a déjà beaucoup de boîtes créatives de conception numérique qui sont bien faites sur Montréal. De notre bord, on a décidé de choisir un positionnement différent.

T : “On veut miser sur d’autres choses et c’est je pense ce qui nous différencie. Il faut que la technologie soit au service du spectacle plutôt que le spectacle soit au service de la technologie. Après c’est sûr qu’intégrer de la vidéo ça peut être vraiment cool sur certains évènements. 

Il y a aussi l'intelligence artificielle qui peut parfois être intéressante dans sa dimension d’exploration, d’inspiration. Mais côté éthique, on se pose pas mal de questions, notamment quant au travail des artistes. Il faut bien en comprendre les limites.”

Y a-t-il des projets de scénographie expérimentaux sur lesquels vous aimeriez travailler à l’avenir? C’est quoi la suite pour vous?

C : “La prochaine étape qu’on aimerait développer serait de produire notre propre spectacle. Donc là, on serait scénographes, directeurs artistiques, directeurs techniques, curateurs, etc. Ce serait vraiment une expérience scénographique avec des artistes qui performent au cœur du décor. Que les artistes et les décors soient au même niveau. Donc là évidemment, l’aspect technologique va commencer à rentrer en compte pour rendre ça un peu plus dynamique.” 

T : “On a une vision de ce qu’on veut mais il faut bien sûr penser aux questions du financement, des collaborations, voir quelle forme finale tout ça va prendre. Il est un peu tôt pour le dire mais l’idée est présente et se développe petit à petit. Notre petit pêché-mignon, ce serait de travailler avec des artistes vraiment Pop. On voudrait faire un mix entre le beau esthétique, la performance contemporaine et des artistes musicaux Pop. Créer un show vraiment le fun à regarder pour n’importe qui, qui soit high energy avec des propositions artistiques plus recherchées.”

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