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“Inclusion, équité, diversité(s) et racisme : êtes-vous réellement prêts ?", par Jérôme Pruneau

Crédits images : Alice M’voula

La question de l’inclusion, de l’équité, des diversités et du racisme semble enfin être considérée à sa juste mesure dans une société qui a souvent fait l’autruche face à ces considérations pour préserver un statu quo toujours favorable aux privilégiés et aux groupes dominants.

 

Il aura fallu le meurtre scabreux de Georges Floyd, relayé par les réseaux sociaux, pour que dans le monde occidental, enfin, des prises de conscience aient lieu et des volontés de changement s’affirment.

Le mouvement Black Lives Matter a pris de l’ampleur en continuant sa lutte pour l’égalité qui pourtant n’a jamais cessé depuis des décennies, mais qui, malheureusement, était constamment et insidieusement ralentie, voire contestée par celles et ceux qui ne comprennent toujours pas ou ne veulent pas comprendre la complexité de ces enjeux.

 

À l’échelle du Québec, d’une ville comme Montréal et de son secteur artistique et culturel, ce printemps aura été lui aussi source de déclarations d’intention dans une volonté de transformation sociale.

Mieux vaut tard que jamais, certaines grandes institutions ont reconnu publiquement que le racisme systémique était réel et qu’il fallait s’y attaquer, quand d’autres ont manifesté le besoin d’être accompagnés pour s’éduquer aux réalités des personnes en situation minoritaire que vivent les Autochtones ou les personnes que l’on « racise » par leur couleur de peau, leur patronyme ou leur religion.

 

Les questions que je me pose désormais et que j’adresse dans ce billet à l’ensemble de la communauté artistique et culturelle sont les suivantes :

Comment dépasser les intentions et les volontés pour s’engager dans un véritable processus de transformation ?

 Comment considérer ces enjeux dans le fonctionnement d’une organisation et non comme un projet « spécial » ?

 Quelles ressources vont être allouées à ces transformations ?

 Comment engager les équipes dans ce processus de changement de mentalité ?

 Et finalement, comment individuellement se transforme-t-on soi-même vis-à-vis du racisme ?

 

Car il ne faut pas se leurrer : lutter et supprimer le racisme systémique (car oui, on parle bien d’un racisme enchâssé dans toutes les sphères de notre société, n’en déplaise à celles et ceux qui se cachent derrière la sémantique) ne se fera qu’à travers des efforts multiples et volontaires. Il s’agit tout d’abord de déconstruire nos façons d’être et de faire pour les reconstruire selon de bonnes pratiques.

 Mais aussi d’accepter un partage des privilèges, de reconsidérer la notion des pouvoirs partout, d’écouter les personnes concernées qui évoquent les solutions depuis des décennies, mais jamais considérées, et de les inviter à nous les expliquer et non l’inverse comme toujours.

 

Donner des chances et des opportunités qu’on n’a jamais données parce qu’on réfléchit « en famille », « en clique », « en gang », « entre nous », dans « nos réseaux », « par ancienneté » sans finalement jamais vraiment ouvrir le jeu, sans se donner les moyens d’aller chercher l’Autre qu’on ne connaît pas, sans se remettre vraiment en question, sans mettre en place de vrais processus d’équité pour rééquilibrer les pouvoirs à des fins d’égalité des chances… et en fin de compte, sans rien changer.

 

Alors, puisque les mots sont comptés, ma dernière question est la suivante : êtes-vous réellement prêts ?

Lectures complémentaires sur le sujet :

  • Le racisme est un problème de blancs, Reni Eddo-Lodge

  • Le racisme expliqué à ma fille, Tahar Ben Jelloun

  • Décolonisons les arts !, Leila Cukierman, Gerty Dambury et Françoise Vergès

  • Il est temps de dire les choses, Jérôme Pruneau

  • Le 8ème feu, Revue TicArtToc n°8


PROJET PORTÉ PAR
Paul Hugo Baptiste