Fonderie Darling : Une Place Publique hivernale pour renouer avec l’art visuel
Personne n’aura pu l’ignorer : l’art a été durement affecté par cette pandémie. L’accès à l’art visuel est devenu alors (quasi) impossible, avec la fermeture indéfinie des musées ou encore des centres d’art. Les expositions se sont confinées, comme son public.
La Fonderie Darling, lieu de référence pour l’art visuel à Montréal, n’a pas été étrangère au phénomène, condamnée à fermer ses portes et à transformer ses opérations pour convenir aux nouveaux modes de consommation numérique. Mais que le visiteur soit un passant, un amateur ou un passionné, chacun sait que l’art visuel s’expérimente, se vit et s’apprécie physiquement, en “présentiel”.
L’absence d’une telle expérience et d’un accès essentiel à l’art ont poussé la Fonderie à jouer une carte dont elle a le secret depuis quelques années maintenant : une Place Publique, où l’art s’épanouit dans son environnement proche, et permet de renouer contact avec son public. Habituellement réservée à la saison estivale, la Place Publique devient hivernale, et nous octroie une respiration bienvenue.
La commissaire de l’exposition Milly-Alexandra Dery parle alors d’une voie AFK, “away from the keyboard”, nous sortant de la torpeur de l’écran, pour nous rappeler au caractère précieux et singulier de la pratique artistique. Mais aussi de reprendre le temps pour appréhender et absorber l’art, œuvre par œuvre.
Avec la réouverture des centres d’arts, les expositions en intérieur de la Fonderie sont de nouveau accessibles. La Place Publique Hivernale complète son offre par des projections vidéo, performances, intervnetions sonores, installations sculpturales.
“Tout se confond, apparaît, puis s’efface de nouveau” est une exposition éphémère du 11 février au 11 avril, présentant un ensemble d'œuvres des 9 artistes résidents de la Fonderie : Simon Belleau, Karine Fréchette, Jeanette Johns, Philippe Batthika, Michael Eddy, Frances Adair McKenzie, Marlon Kroll, Sandra Volny et Marion Lessard.
La commissaire nous en parle plus en détail :
“Dans le contexte du présent hiver sanitaire et solitaire, la Place Publique devant les bâtiments de la Fonderie Darling devient un espace de diffusion extérieur privilégié. Le besoin criant de ce type de lieux et leur pertinence se reflètent dans un principe qui plus que jamais fait consensus : l’art existe lorsqu’il est vu.
Située sur un tronçon de la rue Ottawa et délimitée par deux imposants bâtiments patrimoniaux de brique rouge, la Place Publique est un lieu artistique hybride qui marque les esprits: l’unicité de son aménagement, sa vocation à intégrer l’art au contexte urbain et son histoire militante inspirent l’imaginaire collectif et alimentent un potentiel à être constamment revisité par les artistes. Hormis la présence des travailleurs sur les chantiers de construction, le Vieux-Montréal est déserté et nimbé d’une aura fantomatique accentuée par l’ambiance glaciale des premiers mois d’hiver. Pour retrouver le charme de cette Place Publique et stimuler la vie collective du quartier, il semblait urgent de lui faire reprendre vie. Ayant observé l’activité ininterrompue des artistes au sein du bâtiment, force est de constater que l’atelier demeure un lieu fertile pour la création, même en temps de crise. Qui donc pouvait alors être mieux placé pour intervenir sur cette Place Publique hivernale que ceux et celles qui, chaque jour, l’observent des fenêtres de leurs ateliers ?
C’est ainsi que Tout se confond, apparaît, puis s’efface à nouveau rassemble neuf propositions in situ réalisées par les artistes en Ateliers Montréalais, un programme de résidence long-terme à la Fonderie Darling. Projection vidéo, performance spontanée, interventions sonores et installations sculpturales occuperont la rue et les interstices du bâtiment, jusqu’à l’arrivée du printemps. L’une après l’autre et en cadence soutenue, les œuvres apparaîtront dans l’espace. Cachées, furtives ou bien visibles, les différentes propositions se répondront entre elles de manière séquentielle, en ligne droite ou à sens inverse, bien que parfois empruntant quelques détours. Comme on trace les fils d’une constellation, les artistes rebondissent sur les questions d’espace renégocié et de temps suspendu, tout en arpentant la structure de nos architectures intérieures ; les voix qu’on y entend oscillent entre différentes positions - la dystopie, le détachement, la dissidence ou la fabulation – autant d’attitudes révélatrices de notre rapport complexe à la réalité. Que ce soit par hasard ou qu'ils se soient volontairement déplacés, les piétons montréalais sont invités au gré d’une marche à faire un détour et à transiter par ce parcours qui mène imperceptiblement vers un processus d’identification et d’introspection.”
Pour découvrir en détail le projet et les oeuvres présentés, consulter la page dédiée à Place Publique Hivernale.