Frais Dispo : la nouvelle mouture franco entre lofi et country
Chez MR-63, on est des passionné.e.s d’art sous toutes ses formes, à l'affût des meilleures nouveautés quand il est question de mettre de l’avant les beaux projets artistiques qui s’en viennent! Et ça tombe bien, on en a un vraiment chouette à vous présenter.
Tantôt frais, tantôt dispos, Frais Dispo est LA nouvelle mouture francophone qui fait du bien aux oreilles et au cœur. Anciennement Foreign Diplomats, Elie Raymond, Antoine Gallois, Thomas Bruneau Faubert, Antoine Levesque-Roy et Charles Primeau (absent lors de l’entrevue) nous ont ouvert les portes de leur studio le temps d’une rencontre chaleureuse à leurs côtés, un peu comme à la maison.
Cinq artistes à la créativité débordante pour qui 2023 se veut spéciale avec la sortie de leur tout premier album. Un projet sincère, humain, sans prise de tête où on y parle de routine et de chien. Bref, de quoi accueillir la belle saison comme il se doit, accompagnée de ces douces et enivrantes mélodies.
Salut Frais Dispo! Comment vous vous sentez aujourd’hui, plutôt frais ou dispo?
Frais Dispo : “Disons qu’on est souvent frais, mais rarement dispos. Ce qui est bon finalement. On n’est jamais vraiment frais et dispos en même temps. En fait, on va changer le nom du groupe. Juste frais. *rire*. Notre première idée c’était la “Famille Dragon” pour garder nos initiales. On avait plein d’idées genre “Foetus Difforme”. Mais aucun passait vraiment. On avait une idée de band de rap aussi, avec “Fatale Déprime”. On s’envoyait des tounes de rap pour rire.”
On remarque que vous êtes passés du côté francophone pour l’élaboration des textes. Quels sont les défis liés à ce changement au niveau de la composition des textes, de vos inspirations?
Elie Raymond : “Pour les langues, j’ai commencé à écrire en français avec mon autre groupe “Totalement Sublime”, avec Marc. Puis j’ai vraiment aimé ça. C’était vraiment un travail plus collaboratif et spontané. On écrivait ensemble. Puis de mon bord, j’écoute plein d’affaires plus francophones qui m’ont donné envie d’essayer avec Frais Dispo.”
Antoine Levesque-Roy : “Ça fait quand même longtemps qu’on parlait de faire album de country, même si c’est pas tout à fait ça dans la finalité. Même dans le temps de “Foreign Diplomats” on parlait de ce changement là. Puis finalement avec la pandémie et le départ du drummer ça a changé des choses.”
Vous parlez d’une approche plus collaborative et spontanée, c’est le cas aujourd’hui quand vous composez? Comment ça se traduit?
Frais Dispo : “Quand le drummer est parti, on s’est retrouvés juste les quatre dans le studio et on était comme : ok, on part sur une jam. On faisait des tounes sans trop se mettre de pression, sans jamais trop questionner les idées des autres, puis à un moment donné c’est juste arrivé. Le fun a pris.”
Thomas Bruneau Faubert : “Je pense que c’est aussi venu parce qu’on a maturé musicalement et comme personne. Puis le fait d’écrire en français aussi. Ce sont des chansons qui sont plus proches de nous.”
Antoine Levesque-Roy : “Puis peut-être qu’inconsciemment on essayait aussi de s’éloigner un peu de Foreign Diplomats.”
Elie Raymond : “Au début de ce projet, on s’est dit : venez on se fait un album de country en français. Avant Foreign, j’amenais les tounes complètement finies avec tous les arrangements puis on les montait ensemble. Quand notre ancien batteur est parti, j’ai repris le drum. Je m’occupais plus du rythme que de l’écriture. Au studio quand il fallait que je joue de la guitare, les gars devaient monter des tounes. J’écrivais les paroles, la mélodie de voix puis le beat. L’écriture c’était beaucoup plus les autres, nous ensemble.”
En parlant de ça, vous avez sorti deux extraits (maintenant trois), qui feront partie de cet album : Juillet et Chiens Habillés. On peut s’attendre à quoi pour l’album? Des teintes d’été ou de chiens?
Elie Raymond : “Plus chien ouais. Mon chien a une très grosse présence, j’en parle souvent. Parce que je trouve que c’est vraiment un album concept sur la routine. Sans le savoir, ça parle d’être bien dans son quotidien, son confort. Puis j’ai réalisé que toutes les tounes qui restent sont bien moins positives. Mon chien représente cette routine mais il reste malgré tout, tout le temps positif. Un chien quoi!”
Antoine Gallois : “C’est vrai que les tracks qu’on a teasées, c’est juste le début de l’album donc les gens n’ont pas encore entendu le dark side de Frais Dispo. *rire*”
Les deux premiers extraits sortis sont quand même bien différents l’un de l’autre. Pour l’album, est-ce qu’il y a une direction qui a plus été choisie qu’une autre?
Thomas Bruneau Faubert : “On a choisi ces deux tounes là justement pour montrer les deux côtés deep de Frais Dispo. Un côté plus live band à la Foreign Diplomats puis un côté plus lofi.”
On a entendu parler entre les branches d’une live session à grand déploiement, est-ce qu’on a le droit de vous demander comment c’était? C’était l’idée de qui tout ça?
Thomas Bruneau Faubert : “Ça a commencé du fait qu’on s’était dit qu’il fallait faire des clips pour les tounes. Puis on était comme : c’est qui qui en fait par ici? On déteste ça faire des clips, c’est pas notre truc. On a donc décidé de faire une live session où on a pu faire plusieurs chansons dans un budget raisonnable avec une belle scénographie. C'était fun. Charles a approché l’agence Pestacle. On a checké leur portfolio et on s’est dit que ça pouvait bien marcher avec eux. Ils étaient vraiment down de collaborer avec nous sur ce projet.”
Antoine Levesque-Roy : “Ça s’est fait vraiment naturellement avec Pestacle. Ils nous ont juste demandé de leur envoyer un moodboard, on a jasé de tout ça ensemble, on a trouvé des exemples de sessions live qu’on trouvait nice puis trois jours plus tard ils nous proposaient le concept.”
Antoine Gallois : “Puis on a amené presque le même crew que les personnes qui ont fait le clip de “Juillet”. C’était plus une équipe de tournage cinéma plutôt qu’une équipe de captation/télévision pour la live session. Ils voulaient vraiment chercher une histoire. Ils ont été ultra créatifs. C’est limite comme un clip. La performance musicale est presque secondaire mais d’une manière vraiment cool. C’est pas juste une session où tu nous vois jouer les accords.”
C’était comment de tourner un clip en plein hiver d’ailleurs avec “Juillet”?
Elie Raymond : “Fait tout le temps frette quand on réalise des clips. Les clips de Foreign c’était tout le temps dans la neige. Même en session live dans le studio il faisait froid. On a un vrai truc avec ça je crois. *rire*”
En parlant justement de création visuelle, c’est toi Thomas qui signe les deux illustrations des premiers singles et de la pochette d’album. Qu’est-ce qui t’inspire quand tu passes des claviers aux crayons?
Thomas Bruneau Faubert : “Pour ce projet là je tenais vraiment à faire les visuels. Le processus a été long pour trouver le style à aborder. J’ai eu un cours de langage plastique et ça a débloqué plein d’idées. On s’est mis à faire du pastel gras, puis fallait prendre les œuvres d’artistes contemporains, les reproduire et les intégrer ensemble. J’ai vraiment aimé ça. Après ça, c’était plus du dessin automatique au pastel gras. Je trouvais que c’était le fun de garder le grain puis la texture du crayon et d’avoir un côté enfantin avec de belles couleurs. J’ai ensuite voulu faire un essai au crayon de bois. J’étais au disquaire 180g et j’ai envoyé un extrait aux gars qui ont vraiment aimé. C’est devenu la pochette de l’album. Prochainement, je pense qu’on va animer l’illustration. Pour Chiens Habillés, tous les dessins du clip étaient des dessins potentiels pour la pochette. On les a rassemblés, animés et mis dans le clip. La plupart seront dans le livret de l’album d’ailleurs. Un format physique en vinyle.”
Elie Raymond : “Ouais on aime ça le format vinyle. On aimerait bien aussi développer le format cassette. C’est trop nice tu peux l’enregistrer on the spot, partout. Puis moi je fais juste des vinyles pour pouvoir les mettre dans ma collection perso. *rire*”
Parlant d’affaires qui bougent, comme vous le savez peut-être, MR-63 c’est un projet de pavillon culturel dans Griffintown qui utilise des wagons de métro afin de créer un espace de diffusion pour l’art, le design et la gastronomie.
Dans quel genre d’espace vous aimez faire évoluer votre art? Est-ce que les lieux ont une influence sur votre création?
Antoine Levesque-Roy : “Moi c’était à Hambourg, on avait joué dans un autobus. C’était comme une captation pour la TV. Semi dehors/dedans. C’était rapide. On avait 2 tounes à jouer. Le bus était ouvert, comme une scène artistique. Y’avait du monde c’était nice.”
Elie Raymond : “On a enregistré l’album dans une grande maison de design et d’architecture. On voulait absolument tous travailler ensemble. Ça a eu un vrai impact positif sur notre créativité. Sinon, le piano chez ma mère. Il est dans un demi-ton plus bas que ce qu’il devrait être mais c’est vraiment un espace qui m’inspire. Le meilleur piano sur lequel j’ai joué. J’ai jamais eu autant d’idées qu’en jouant avec.”
Thomas Bruneau Faubert : “Le Bathouse, c’était malade comme studio. C’était à Bath en Ontario. C’était comme une immense maison hantée, super vieille. C’est le studio du groupe The Tragically Hip.”
Antoine Gallois : “Moi c’est cheesy mais j’aime bien les toilettes. *rire*. Disons que c’est quand t’as loué un studio vraiment fancy que c’est fun d’aller enregistrer un truc genre dans le garage où c’est pas traité acoustiquement. Quand Thomas dit que sur la pochette de l’album il a essayé de garder le grain, je vois ça pareil pour les chansons. Sur l’album, on a essayé de garder du grain : quelqu’un qui parle entre deux chansons, des sons spontanés… On a fait mixer l’album par Jace Lasek. Il y a une chanson où il avait retiré le bruit du clique quand j’appuyais sur play sur la cassette. Sauf qu’on a kiffé ce mix donc on a souhaité le conserver. Il était étonné mais content parce qu’il avait pas l’habitude de ça. D’habitude, les artistes souhaitent enlever toutes nuisances extérieures. Nous on voulait tout garder, que ce soit chaleureux. Ça rajoute de la vie et de l’humain dans nos compositions.”
Bon et sinon, qu’est-ce qui s’en vient de hot pour Frais Dispo prochainement?
Frais Dispo : “Grosse grosse info avec la sortie de notre tout premier album “Teinte” le 14 avril dernier. On le lance officiellement en spectacle au Petit Campus le 18 mai!”
Alors d’ici le lancement, on se tient frais et dispos et on va savourer cette nouvelle pépite musicale prête à choyer nos écoutilles!