LE MONASTÈRE: Un cirque dans la ville

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C’est dans les jardins du Centre St Jax que le Monastère renoue avec ses animations des arts du cirque et ce, jusqu’au début du mois d’octobre. Le pari ? Post-pandémie, il s’agit de valoriser les artistes habitué.es aux scènes du monde entier dans le centre-ville tout en démocratisant l’accès à cette discipline culte de Montréal.

À l’intersection des rues Bishop et Sainte-Catherine Ouest, Rosalie et Guillaume racontent leur histoire, celle qu’iels partagent ensemble ainsi qu’avec les artistes, les créateurs.ices du monde du cirque. Leurs numéros rayonnent parmi les compagnies extraordinaires du Québec (Cirque Eloize, Alfonse ou l’iconique Cirque du Soleil) grâce à leurs performances à l’international.

« D’avoir eu des expériences ailleurs dans le monde de cabaret, ça m’a permis de voir que c’était une opportunité géniale : les artistes peuvent présenter leur numéro à l’état pur ! En cirque, on crée nos numéros, on est des auteurs.ice, on crée un monde que nous habitons, mais ça dure 5 minutes, il faut en mettre plusieurs un après l’autre pour faire un spectacle.. »

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Tout commence par la rencontre des futur.es cofondateur.ices qui ne viennent pas de cet univers à l’origine. Après des essais en sciences pour elle et en coiffure pour lui, leur chemin se croise une première fois à la même école de cirque dans leur jeune vingtaine. Amené.es à se retrouver occasionnellement au cours de diverses tournées à travers le globe, c’est à l’occasion d’un passage dans notre capitale du cirque que les deux ami.es échangent sur leurs envies d’améliorer la scène à Montréal. L’idée qu’iels ont en commun mise sur la présentation des créations tour à tour, à la façon d’une soirée d’humour où les prestations s’enchaînent comme spontanément. Ce même soir, le choix et le nom du Monastère ainsi que l’envie de parier sur une église comme cadre d’accueil naissent. Dès le lendemain matin, c’est à la mairie que leur motivation les mène à se renseigner pour concrétiser leurs aspirations.

« En tout cas c’était très innocent de notre part et finalement aussi ambitieux, on voulait que ça avance ! En quelques mois, on a monté l’OBNL, on a monté le plan d’affaires, on est allé frapper à des portes partout aux cirques, on se renseignait pour monter notre projet… Et rapidement on a trouvé une scène. »

Leur premier “chapiteau” fut ensuite accueilli dans un magnifique ranch de la Beauce; un cadre à l’image de leur parcours : arriver dans des lieux qui n’ont pas nécessairement rapport et les transformer. Le cabaret-cirque concrétise deux autres projets l’été suivant, au Théâtre Plaza et en Beauce où iels réinvestissaient déjà tout un lieu. Après ces deux années, un ami leur fait découvrir l’Église St Jax de la rue Sainte-Catherine Ouest, un lieu à garder au jour le jour, qui coïncide avec leurs envies du début. Cette polyvalente église anglicane demeure un lieu de culte tout ouvrant ses portes à des organismes communautaires. Nichée dans l’une des parties les plus dynamiques du centre-ville, l’Église St Jax honore cette volonté de s’étendre au monde artistique. Le Monastère rejoint ainsi les autres actions communautaires accueillies telles qu’action réfugié Montréal, les AA ou les narcotiques anonymes.

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Crédits : yagub allahverdiyev (6).jpg
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 « Ça fait 2 ans qu’on a rencontré l’endroit, 6 mois d’aménagement donc depuis 1 an et demi on a la scène centrale pour accueillir le cabaret, c’est comme une forme naturelle qui permet que les gens peuvent voir de tous les côtés, à 360°. On a monté un bar qu’on a bâti avec les vieux bancs de l’église, c’est un beau partage pour ça, l’église nous les a donnés ! C’était très nouveau pour eux, comme pour nous de devenir des locataires alors ça a pris plusieurs mois avec des ingénieurs et le reste de l’équipe parce qu’on a un peu changé l’endroit pour accueillir le cirque. »

Le Monastère atteint un autre niveau par cette opportunité de cohabitation, développant des partenariats avec des produits québécois lors de leurs propres soirées, devenant ainsi les producteur.ices à part entière de leur organisation. Ce nom résonne maintenant au niveau événementiel, grandit et rayonne d’autant plus cet été avec le jardin.

En effet, pour le moment, une fois n’est pas coutume, les artistes sont de retour à la maison, toutes leurs tournées étant annulées alors il y a de la main-d’oeuvre: il s’agit de se recycler, d’adapter les activités, de jouer avec les différentes possibilités !

Pour faire valoir les participant.es au-delà des tournées des grandes compagnies, le Monastère réinvente la scène et ses opportunités. Le cabaret ravive ainsi les arts vivants dans le respect des consignes en vigueur, le spectacle s’adapte à diverses formes notamment grâce aux aménagements urbains installés en partenariat avec XP_MTL et l’aide de la ville. Que ce soit avec la PCU (Performance Circassienne d’Urgence) que Le Monastère a parrainé ou les performances données durant les mois d’août et septembre, le show se poursuit en gardant en priorité d’allier convivialité et prestige du spectacle.

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C’est comme ça que l’art se doit d’être consommé selon les deux cofondateur.ices, en côtoyant les artistes directement ainsi qu’en promouvant leurs particularités sur les réseaux sociaux. Ces derniers mois, l’adaptation du complexe profite tant à la communauté qu’à la démocratisation de leur travail. Du côté de l’univers circassien, Rosalie et Guillaume ont développé Le Gym du Monastère, un lieu d’entraînement pour les professionnel.les du cirque. Plusieurs performeurs.euses ont réussi à continuer de s’exercer en fréquentant la salle dédiée. Une participation à ces nouveautés qui s’élargit d’ailleurs au public car des cours sont désormais donnés : contorsion, trapèze, jonglerie… Rendez-vous sur leurs réseaux sociaux ou dans les jardins du Centre St Jax pour en apprendre davantage !

« Les goûts, les façons de vivre l’art évoluent : c’est vraiment ça qu’on promeut ! Ils et elles l’ont fait, ont joué avec les différentes possibilités : c’est une forme d’action citoyenne ».

Nous avons pu profiter de ce nouveau souffle apporté par les artistes dans les rues de Montréal. Les animations mobiles et urbaines présentées par des artistes grâce à des groupes tels que la Bonheur Mobile d’Hochelaga, la PCU parrainée par le Monastère ou les spectacles d’humour donnés au Parc Laurier. 




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RÉDIGÉ PAR
Eloïse Le Bihan

CRÉDITS PHOTOS
Caroline Thibault
JF Savaria
Yagub Allahverdiyev


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