Cinéma Public : pour un cinéma vivant à Montréal !

Pendant plus d’un an, spectateurs occasionnels ou cinéphiles se sont résignés à vivre le cinéma à travers les plateformes de streaming, perdant alors l’expérience unique d’une séance de cinéma. Heureusement, depuis quelques semaines, les salles ont réouvert et un nouveau souffle se fait sentir à Montréal.

Cinéma Public, organisme co-fondé par Roxanne Sayegh et Aude Renaud-Lorrain, vient de se lancer cette année pour contribuer à ce nouvel élan, pour un cinéma vivant dans notre ville. Aude nous livre la vision de Cinéma Public, et leur envie de transmission à travers leur initiative.

Une nouvelle salle de cinéma à Montréal en 2021 !? Ce n’est pas vrai ! Mais oui, je te le dis ! À l’air des plateformes et de la consommation illimitée, c’est réaliste ?

C’est alors que nous aimerions leur répondre la phrase célèbre du révolutionnaire argentin, « soyons réalistes, exigeons l'impossible », mais ça donne une allure de soulèvement qui remue ciel et terre alors que notre projet est tout ce qu’il y a de plus concevable, réaliste et possible. Il est vrai que ce projet émerge d’une vision, d’une aspiration et qu’il comporte plusieurs défis, mais alors devrait-on leur répondre, « soyons réalistes, exigeons de rêver ». Pourquoi pas, un peu fleur bleue, on en convient, mais c’est une belle porte d’entrée vers le 7e art qui offre une des frontières les plus poreuses et sublimes entre les rêves et la réalité.  

Ce n’est donc ni un hasard ni un accident que nous nous soyons tous retrouvés à collaborer à ce nouveau projet. Un cinéma et un public, la combinaison de deux entités inséparables, complémentaires, qui permet d’évoquer d’un seul élan nos aspirations pour une salle de cinéma de quartier que nous désirons ouvrir à Montréal. Le Cinéma Public est né du désir de créer un lieu pour célébrer le cinéma, mais aussi un espace pour réunir différents imaginaires et visions du monde qui permet à la communauté de se reconnaître et de s’exprimer.

Un lieu qui se métamorphose passant d’une projection extérieure, à l’occupation éphémère d’espaces, à une programmation en ligne, combinant à cela la création d’une nouvelle salle de cinéma. Un lieu d’échanges et de rencontres pour les passantes, les flâneurs, les curieuses, les cinéphiles, les artistes et les œuvres elles-mêmes. Un lieu qui nous rappelle la douce nostalgie des salles de quartier tout en exprimant la vitalité et l’effervescence des temps présents et des œuvres actuelles.

La pandémie en a peut être fait douter certains, mais dans notre cas, elle a confirmé notre désir de lever l’ancre vers une nouvelle aventure. Robert Bresson a écrit : « Le CINÉMA puise dans un fonds commun. Le cinématographe fait un voyage de découverte sur une planète inconnue. » (Bresson 1975, Notes sur le cinématographe, p.35). À l’image de l’art lui-même qui l’a vu naître, le Cinéma Public puise dans un fonds commun et entame un voyage de découvertes.

Ce voyage, nous l’espérons avec beaucoup de détours et de bifurcations, de rencontres fortuites et merveilleuses. Nous l’espérons à l’image d’une société qui désire profondément cette rencontre intime et généreuse avec l’art.

Préparez-vous à un été cinéphile avec le Cinéma Public et le Livart !

Lorsque le cinéma nous a tant donné, nous nous devons de devenir des passeurs. Transmettre, partager et diffuser la force d’engagement et de transformation qu’il porte en lui alors qu’il nous permet de juxtaposer à notre regard une vision autre. Le cinéma nous invite tout d’abord à regarder, à observer, à devenir spectateurs, il nous rappelle qu’il faut avoir une certaine humilité pour l’apprécier.

Cet art, aussi multiple et varié qu’il puisse être, est essentiel à notre présent et à notre avenir collectif par ce temps d’arrêt qu’il nous invite à faire, car ce moment est nécessaire à la réflexion, qui elle-même est vitale pour initier le dialogue. Avant que le film commence, dans une salle de cinéma, une phrase d’Albert Camus nous revient à l’esprit : « Aujourd’hui est une halte et mon cœur s’en va à la rencontre de lui-même. » (Albert Camus 1937, L’envers et l’endroit, p. 117). À cet instant, nous remercions l’écrivain pour les mots et le cinéma pour la halte.

 

Le Cinéma Public se veut au cœur de cette transmission et de ce partage par cet engagement constant envers la communauté locale sans qui ce dialogue n’aurait pas lieu. L’idée de passation est à la base de toutes communautés, celui qui donne a reçu en amont. Il ne donne pas nécessairement à celui de qui il a reçu. Il donne à un autre. Un scénariste et une réalisatrice s’inspirent du réel. Avec l’aide d’une équipe, ils donnent vie à une œuvre, cette dernière transmet quelque chose au spectateur, et celui-ci donnera en retour, non pas au film, mais à sa communauté. L’art donne et par cette transmission, ce don, rend une communauté plus riche, plus vivante et plus solidaire.

 

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RÉDIGÉ PAR
Aude Renaud-Lorrain (co-directrice de Cinéma Public) & Paul Hugo Baptiste

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